Le langage et ses silences,Le Rocher Pierrelatte

Le langage et ses silences,Le Rocher Pierrelatte

Le langage et ses silences

Classe de CP-CE1  école du Rocher à Pierrelatte, Sandra
Sylvie Garraud, artiste

 

 

 

Résumé du projet : 4 classes dans 4 écoles différentes (Le Roc et Le Claux à Pierrelatte, Le Pialon à St-Paul-Trois-Châteaux, Pracontal à Montélimar) mettent en œuvre des projets artistiques avec 3 intervenants : une plasticienne, un musicien, un graphiste autour des relations du langage et de la création artistique. Des échanges vont être organisés entre ces classes.

 

Objectifs du projet

 

1. Développer un intérêt pour le langage, l'expression orale et écrite, l'écoute, la lecture... Interroger ce qu'est le langage, ce qu'il permet et comment nous vivons le langage.
2. Développer un intérêt pour les champs artistiques, en tant que pratique personnelle et partagée, et en tant que spectateur, auditeur, lecteur d'une œuvre.
3. Interroger les relations du langage au geste artistique en tant que pratique. Interroger les relations du langage face à l'œuvre.
4. Développer un intérêt pour la rencontre, le partage, la transmission d'une expérience, la découverte à travers l'autre (les autres enfants, les autres adultes, les autres « mondes »que le sien).

 
Atelier 1 du 30 novembre 2012
 
Les enfants m'attendent car Sandra leur a parlé de ma venue, en introduisant des ateliers d'arts plastiques et un regard sur des oeuvres à travers des documents. Difficile de dire ce qu'est un "artiste", en tout cas disons que je fais du dessin, de la peinture ou quelque chose dans ce registre là. Nous allons "faire ensemble" et pour commencer une autre version des gammes de couleurs : il s'agit de se plonger dans les mélanges de couleurs, avec des taches qui se juxtaposent pour vibrer entre elles, sur un petit format, plutôt comme une palette. Au bout d'une heure, après la pose de la récrée, les enfants sont installés en cercle et les gammes de couleurs circulent de main en main. Derrière chacune une pochette pour y glisser en secret quelques mots: que ferais-tu avec ces couleurs? 
Chaque enfant découvre ensuite les mots des autres, un regard de spectateur sur leurs gammes de couleurs.
 

 
Suite de l’atelier 1 du 30 novembre 2012

En classe…, quelques jours après la venue de Sylvie, les enfants ont repris leurs « palettes de couleurs » pour les regarder, les observer d’un  peu plus près. Et, à l’aide d’un viseur, ils ont choisi l’endroit qu’ils  préféraient.

« Maintenant que vous êtes très forts pour faire de beaux mélanges de couleurs, vous allez essayer de retrouver les couleurs que vous aviez inventées, celles qui sont dans votre viseur, et vous allez les poser sur cette feuille qui est plus grande. Un peu comme si on faisait un gros plan, un zoom sur vos couleurs.»

 

Ils ont été très appliqués et heureux d’arriver à retrouver leurs couleurs ou parfois déçus de ne pas y parvenir. Ou bien surpris d’en trouver d’autres ….

Je leur ai, entre temps, relu un petit album intitulé : »De quelle couleur est ton monde, Bob Gill ? » dans lequel, l’artiste, Bob Gill, montre que l’artiste, hors des représentations classiques ( la mer est bleue)…, est l’une des seules  personnes qui peut donner aux choses, au monde, aux gens,  les couleurs qu’il veut, celles qu’il imagine, celle qu’il rêve, celles qui lui plaisent…en toute liberté.


 Alors, je leur ai demandé, en écho à l’album : »Vous avez VOTRE monde de couleurs, mais quel est VOTRE MONDE A VOUS ? »

Et, à l’aide de pastels, de feutre peinture noir, de blanco, ils ont dessiné leur monde par-dessus, en transparence, en superposition…sur leur univers coloré.

 Les enfants ont tous créé des univers très beaux, très différents,…tous différents !

La suite : peut-être écrire des mots, des phrases, des textes pour compléter, pour éclairer ces MONDES…

 

Atelier 2 du 14 décembre 2012

Nous reprenons ce travail du fond à partir d'un format raisin, c'est à dire d'une couche de peinture sur laquelle on va réintervenir: dans un 1er temps c'est un étalement spontané de couleurs, au pinceau. Nous restons  toujours sur les couleurs primaires pour que les verts, les violets, les bruns… continuent à apparaître sous les gestes des enfants .

Entre temps je prépare "une petite cuisine" en mélangeant de la colle à papier peint épaisse à de la gouache: les enfants me voient faire, cela a la consistance de la confiture: magenta, jaune, bleue…

En quelques gestes je les invite à étaler cette mixture sur leurs fond déjà peint; La matière-couleur est une crème épaisse, gélatineuse, transparente et lente à sécher. On peut l'étaler à la main, pour ensuite y graver au doigt des figures, des personnages comme sur une vitre couverte de buée: un personnage à la fenêtre. L'avantage pour l'enfant est de pouvoir effacer son dessin et recommencer autant de fois qu'il le  désire jusqu'à obtenir ce qu'il veut tout en passant par différentes phases d'expérimentation. Cet étalement produit des effets de transparence et de nouveaux mélanges de couleurs. Les doigts glissent dans la matière avec plaisir pour y laisser leur empreinte. Ce contact induit des gestes qui produisent instantanément du dessin. La peinture évolue très vite. L'enfant découvre les possibles à partir du barbouillage, mais aussi peut dépasser ce qui souvent est interdit ( mettre les doigts dans la matière)  et en même temps  ce jeu là, où la matière est instable, lui permet de ne plus avoir  peur  de "rater". La peinture est comparée à une tartine de beurre et de confitures. C'est à dire que l'on  peut ajouter des quantités de couches, ou revenir sur ce qu'on a fait, que rien n'est définitif, tout est transformable, et l'image finale en est d'autant plus nourrie.

Ces procédés  de recouvrement on pourra les retrouver en observant la peinture de nombreux artistes…

   

Atelier 3 du jeudi 17 janvier

 A propos des  "émoticônes", nous parlons de leur usage et que parfois on arrive mieux à dire quelque chose en image plutôt qu'en mots .

Nous allons travailler en 2 groupes, pour faire des expériences de dessins qui nous amèneraient à trouver des manières de figurer l'expression d'un visage.

Cette fois-ci nous allons essayer de décalquer les traits du visage directement sur un visage réel ( avec l'intermédiaire d'une vitre et d'un plastique transparent) ou sur des photos des enfants( réalisées avec Sandra lors d'une séance antérieure).

Avec un groupe, je procède à une démonstration face à un enfant qui me sert de modèle, de l'autre côté d'une vitre; il s'agit de "repasser" par dessus les contours de son visage, puis chevelure, cou, épaules, détails des yeux, etc. Lorsque j'ai terminé un enfant dit : "ce que tu fais ça fait un autre visage que lui!"

Et il redira encore à la fin de la séance, au moment d'une discussion, "on a fait des autres visages"

Oui, il y a un écart entre la réalité et sa représentation. C'est une remarque  importante. On peut jouer de cet écart, ou s'en approcher. Mais il reste toujours que cette image figure "un autre". Il reste quelque chose d'insaisissable, d'infigurable.

D'ailleurs, même en photo, parfois on ne reconnait pas une personne. La photo peut être très différente du modèle.

On peut jouer de ces visages sur des visages? Ce sont déjà  des masques .

 

Entre l’atelier 3 et l’atelier 4 : travail sur les expressions du visage et les émoticônes

·         « A partir de ces 7 formes très simplifiées du visage :

inventez des expressions différentes en les découpant et en les  collant  sur des petits carrés blancs ( 8x8). Vous pouvez, sur le 2ème carré, ajouter d’autres éléments du visage. »

 

·         A partir de planches avec plein d’émoticônes, observez et dessinez les émoticônes de votre choix. Puis, vous en choisirez un qui vous plaît et vous le dessinerez sur un carré blanc  (16x16) avec comme matériel seulement :

 

1 crayon gris, un feutre noir et un feutre de la couleur de votre choix.

 

  

 

 

 

Atelier 4 : dessiner des visages par transparence ou projetés

Pendant qu’un groupe était avec Sylvie  pour dessiner des visages par transparence, les autres enfants ont dessiné leur visage projeté sur le mur. Ces portraits photographiés d’eux avaient été faits quelques temps avant alors que ils  avaient choisi une expression tirée d’une reproduction d’œuvres d’art  prise dans le très beau livre : »Du rire aux larmes » : la joie, la tristesse, la peur, la surprise…

 

  
 

Cet atelier leur a permis, entre autres choses,  d’observer, de découvrir en dessinant, en « décalquant » les formes des différents traits du visage, des yeux, du nez, de la bouche. Mais aussi de pouvoir un peu plus s’apercevoir que, selon les expressions, chaque partie du visage est différente. Ces observations ne sont pas évidentes pour des enfants de cet âge, car même en repassant les traits d’un visage projeté, certains dessinaient ce qu’ils  savaient et non ce qu’ils voyaient.

Travail en parallèle sur un album : »Monsieur cent têtes » de Ghislaine HERBERA, auteure que nous rencontrerons dans le cadre du : »Salon du livre jeunesse de Saint-Paul-Trois-Châteaux (26)

 

Travail en FRANÇAIS (lecture, réciter un texte en prose, vocabulaire…)

* Découverte du texte de l’album sans les illustrations.

*A partir d’un passage du texte, dessine la tête avec les émotions et tout ce que tu peux dessiner pour expliquer les mots.

 

 

*Travail avec les CE1 de compréhension du texte.

* « Choisis de 10 à 15 lignes de Monsieur cent têtes et apprends-les par cœur en mettant le ton et en exprimant le plus d’émotions possibles. »

*travail autour des expressions de la langue française avec le mot : TÊTE à partir de l’album de Monsieur cent têtes mais aussi d’un autre petit album : » Mots de tête » de Zazie Sazonoff (éditions du Rouergue 2002)

 

jeu de mémory : cartes avec expressions avec le mot tête et cartes avec la définition de l’expression

·         A la manière des illustrations de « Monsieur cent têtes », invente ton Monsieur ou ta Madame et donne-lui un nom.

 

Travail en HISTOIRE DES ARTS sur les masques du monde ( avant l’atelier 5)

*Découverte des illustrations de »Monsieur cent têtes « et   1ère approche des masques du monde.

*Découverte du livre : »Masque Vouvi, masque boa » de Sophie Curtil (coll KITADI)


* Diaporama de masques du monde puis  petits dessins (croquis) d’un masque VOUVI (Gabon) ou d’un masque BOA (Zaïre) et d’un masque du Sri Lanka.

Rencontre avec l’auteure et illustratrice Ghislaine HERBERA de « Monsieur cent têtes » dans le cadre su « Salon du livre de jeunesse de Saint-Paul-Trois-Châteaux


 
Atelier 4 du vendredi 18 janvier, matin - visite de l'expo Archive Active à la Galerie Angle Art Contemporain

Un papier plié à la manière d'un prospectus d'information est un support où l'on dessinera en fonction des différentes salles. Il se trouve que les plis qui forment les cases du "prospectus" peuvent devenir les salles et les étages de la "maison" de la galerie. Les enfants ou la maitresse seront aussi amenés à prendre des photos dans les salles qui s'intègreront ensuite sur ce support. La classe est divisée en 2 groupes; un groupe va avec Stéphanie Lehu qui est médiatrice et expose aussi . Ils vont la rencontrer autour de son travail. Un autre groupe avec moi. Nous passons d'une salle à l'autre et par contraste, nous nous retrouvons dans une salle obscure où j'ai projeté des diapositives. La première phase est de laisser les enfants découvrir et exprimer leur surprise de ce dessin de lumière dans l'obscurité, de cette sensation enveloppante du noir et de ce qu'elle peut connoter. Nous passons par l'expression du ressenti personnel avant la description qui va nous mettre dans un autre état d'esprit puis ensuite quelques compléments d'information sur mes outils, le dispositif de prise de vue, mes intentions. Je préfère insister sur ce moment d'expérience physique pour eux avec un jeu à partir d'écrans de papier calque pour capter des fragments d'images, se déplacer dans l'espace et jouer avec la distance, l'espace. Je n'ai pas le temps de tous dire, notamment sur comment ces images sont faites. Je prévois de prolonger cette expérience à l'école dans les semaines qui viendront. Les parents accompagnateurs expriment leur avis, me posent des questions. Je leur propose de revenir à cette prochaine occasion, car on peut en faire un atelier avec les enfants .

Atelier 5 du vendredi 25 janvier
 
Les enfants ont travaillé autour du live "monsieur cent têtes" de Ghislaine Herbera et ont rencontré l'auteur à l'occasion de la fête du livre  jeunesse à St Paul Trois Châteaux.
 
Nous faisons une projection d'images de masques de la Comedia del arte  et simultanément les enfants dessinent. Puis nous entamons une réalisation en volume. La terre permet de passer du plan au volume à partir d'une plaque déformée puis modelée, maintenue bombée par un sac plastique bourrée de papier. Le matériau est la première des contraintes: on explore les gestes  possibles en vue de façonner une forme en  volume, un visage avec tous ses composants . Il faut rechercher en même temps l'équilibre de la masse de matière, la solidité de la construction, l'expressivité des formes.
 
   
        

 
Atelier 6 du vendredi 8 février
 
Nous entamons un travail en carton, toujours autour de la forme du masque, mais cette fois-ci avec la contrainte de pouvoir le porter. L'anatomie de la tête est notre guide: chaque enfant prend les repères sur la tête d'un autre enfant qui lui sert de mannequin. Il construit directement sur le corps et repère la place des yeux, de la bouche, etc. Le fait d'utiliser un autre matériau va amener à d'autres formes. Encore là, les premières contraintes sont celles que le matériau nous impose. Simultanément on s'interroge sur comment faire du volume: soit des creux, des bosses, comme un nez, des joues, un crâne, des oreilles…Ce travail à partir de bandes de carton courbées, déformées, agrafées est en fait une armature destinée à recevoir du papier mâché.