Le studio africain

Le studio africain

Le studio africain

Ecole de Puygiron, classe de Nancy Lanier

 

Artiste intervenant: Marine Lanier

 

Descriptif du projet :
Au cours de ce projet les élèves ont réalisé des portraits  à la manière des photographes africains : Seydou Keita et Malick Sidibé .
Ils se sont mis en scène dans le cadre d'un  portrait photographique et ont été initié à la prise de vue.
Une réflexion sur le travail en studio a été menée .

Chacun devait trouver une manière de se représenter en s'appuyant sur une mise en scène, un ou des accessoires, une attitude, un costume, une expression qui nous questionnera et nous entraînera  vers l'étrange (en référence au travail de Marine Lanier )

Chaque élève est tour à tour, modèle puis photographe. 

Le modèle est entouré de son équipe dans laquelle chacun aura un rôle précis,  à la manière d'un tournage de cinéma ( un photographe, un script, un costumier, un éclairagiste, un photographe de plateau...)

Toutes ces notions sont expliquées, en classe, par l'intervenant.

Des points précis sur les notions d'autoportrait et de portrait en histoire des arts sont également menés par l'artiste.

 Le travail s'est déroulé sur 4 séances en présence de l'artiste.

Première séance :
 

  • Première rencontre avec Marine Lanier, elle explique et présente son travail, après un  questionnement sur « qu'est ce qu'un artiste-photographe ? ».

Marine montre son travail et sa nouvelle série La Vie dangereuse tournée vers l'étrange et le sauvage.

Le titre La Vie dangereuse est emprunté à l'oeuvre éponyme de Blaise Cendrars. La série poursuit de manière arbitraire le rythme même du parcours d’aventurier de l'écrivain - l'espace littéraire ici lié aux césures géographiques, la déliquescence du sauvage tenue aux soubresauts de la mémoire.

Le propos n'est pas d'illustrer la nouvelle J'ai saigné, mais de faire se rencontrer la fiction et l'autobiographie dans une faille spatio-temporelle aux contours délétères.

Ces close-up sont comme les fulgurances d'un homme en proie aux délires provoqués par la fièvre. La course folle que j'invente, celle d'un soldat bléssé de 1915, est confrontée à la rémanence de mes souvenirs lacunaires. Le récit d'errances impossibles intriqué aux éclats d'une généalogie morcelée.

Images traumatiques, scènes primitives, beautés tragiques, entrevues dans les stases d'un état second, lorsque le corps est chevillé aux hallucinations de la douleur. Survivance d'une mémoire reptilienne qui surnagent par-delà les tréfonds, repoussée aux confins de la vie, dans un lieu suspendu - celui des limbes, en somme.

Ici, il est question de touffeur viciée puis de glace, de danger proche de l'éblouissement, d'une mer boueuse laissant place à la menace de l'animal. Dans le même élan, la puissance d'un feu se dérobe à celle d'une jungle sourde. Quelques montres à gousset, dont le cours du temps est suspendu par la chaleur d'un incendie, font écho aux fragments de voiture brûlée, échouée au hasard d'une île.

Les images bleues de jadis et naguère sont hantées par le spectre de la sauvagerie, les sous-expositions étant le reflet de l'empire du pourissement.

C'est un monde terrien replié en mirages désertiques dont l'impermanence matérielle se déploie en plantes dévorantes et vastes mouvements. Une violence tue où la beauté grave fait se côtoyer constamment un univers de fin du monde à celui du commencement.

Mon travail s'inscrit dans une nature habitée et vivace, recouverte de tâches aveugles, faite de pulsion et de répression, de poursuite et de heurt, d'exaltation et d'épuisement, de crime et de rédemption, de vengeance et de pardon.

Devant le surgissement d'une telle étrangeté, on est encore chez soi ou perdu au milieu de nulle part, remontant le cours d'un fleuve caché, tel un nouveau Fitzcarraldo.

Ces photographies sont l'expression des débords de la vie - plutôt celle d'une soif de vivre qui sait prendre le risque de l'ivresse - celle des liqueurs fortes.

Marine Lanier, décembre 2012

http://marinelanier.com/index.php?/serie/la-vie-dangereuse/

 

Les élèves découvrent les portraits de Seydou Keita et Malick Sidibé .
Questionnement à l'écrit : 
"à ton avis où ces portraits ont-ils été réalisés ? comment? par qui ? Pourquoi ?"

 

 

 Mise en  évidence des caractéristiques de ces portraits :

  • en studio
  • décor composé de tissus
  • expression et mise en scène particulière

Présentation du projet « à la manière des photographes africains »
Chacun devra trouver un manière de se définir, de faire son portrait à travers un objet, un costume, une mise en scène, des expressions etc...qui le représenteront.

Pour la séance suivante les élèves devront réfléchir à la manière dont ils vont se définir, se représenter en notant leurs idées sur leur carnet de recherches (ces notes peuvent prendre la forme de schémas, dessins, textes, essai photo...)

 

Deuxième séance

 Présentation du travail en studio
Différents rôles dans le studio : costumier , photographe de plateau, metteur en scène, modèle, photographe, accessoiriste.
La classe est divisée en trois groupes : un groupe avec Marine en studio qui commence les premières prises de vue. 

Les deux autres groupes réfléchissent à leur scénario et font des recherches sur les photographes africains pour préparer des exposés qui seront présentés aux parents.

Troisième séance

Premier retour sur les prises de vue des élèves.
Les enfants sont très déstabilisés par les choix et la sélection de Marine.

 L'artiste revient alors  sur le but et la démarche de notre travail : faire un portrait étrange et non donner une image lisse et belle de nous-même.
Un discussion et une réflexion sur la notion du « beau » dans l'art est alors amorcée.

Un deuxième groupe passe en studio avec Marine et les deux autres groupes reprennent le travail d'exposé et font également un tri des photos de la séance précédente.

Quatrième séance

Retour sur les derniers portraits, analyse par Marine des caractéristiques de chacun. On cherche à détourner les portraits, à introduire l'étrange dans chaque prise de vue.
Le dernier groupe passe au travail de studio

Réflexion, avec le reste de la classe, sur les portraits réalisés pour l'élaboration des titres de chaque photographie en vue de l’exposition.

Finalisation : Ce projet a abouti à une exposition au sein de l’école. L’accrochage et l’installation des portraits sur des panneaux de bois brut fait résonance au sujet des photos.

Les élèves ont été associés à l’accrochage et à l’organisation du vernissage au cours duquel, parents et amis, ont pu apprécier le travail des enfants.

 

 

Bilan du projet :

Tout au long du projet, les élèves ont changé de point de vue sur l’image à donner d’eux-même. Une image qui devait devenir étrange, inquiétante, irréelle ou fantastique

C’est au fil du projet et après différentes sollicitations (discussions avec l’artiste, diaporama, références artistiques, lectures documentaires…) qu’ils ont pu investir et entrer dans une véritable démarche artistique.

Leur rapport à l’art et à la photographie a donc beaucoup évolué.

 Publié par Irène Mieussens CPD AV septembre 2013